Les Editions Quadri publient de façon trop confidentielle le deuxième roman d’un écrivain qui est aussi historien de l’art, bédéiste, galeriste et...éditeur.
Cette dernière profession, paradoxalement, risque de porter préjudice à la destinée de ce roman qui aurait mérité une édition intégrée dans un circuit traditionnel de distribution, le rendant vraiment accessible en librairie.
Tiré à un peu plus de 200 exemplaires numérotés ou "H.C.", le livre attire le regard par le dessin de couverture signé Roger Dewint, (que nous avons déjà rencontré à l’occasion d’une exposition de ses enveloppes dessinées) un paysage hollandais, tracé à l’encre de Chine et peint à l’aquarelle. "Je suis né à Bergen-Belsen, le 12 avril 1945, c’est à dire trois jours avant la libération du camp par les troupes britanniques" : voilà ce que ses parents adoptifs révèlent à Richard lorsqu’il a douze ans.
De ce point de départ du roman et d’une quête d’identité de l’adolescent, Ben Durant réussi la gageure d’écrire une histoire qui devient métaphore de l’Histoire, celle avec un H comme Holocauste, celle de l’indicible, celle de la mémoire et de la survivance.
Le romancier a choisi comme personnage central, au début du roman, un jeune adolescent. C’est sans doute l’innocence du désarroi de cet enfant devant le "naufrage mental" dans lequel la révélation de sa naissance et l’anonymat de ses parents naturels qui permet à Ben Durant de trouver le ton juste sans sensiblerie, et qui entraîne le lecteur dans cette empathie si rare que seul procure le roman, le vrai roman.
Edmond Morrel