Le point fort de la pièce est indubitablement le tandem d’actrices. Laurence Vielle est fascinante dans le rôle de Laura, accusée d’homicide volontaire à l’encontre du dictateur Somadossi. De sa voix rauque à la moindre manie gestuelle, le personnage créé par l’actrice est vivant et crédible. Nathalie Cornet n’est pas moins douée dans son rôle d’avocate acquise à la défense des droits de l’homme. Ces deux personnages s’apprivoisent littéralement sous les yeux des spectateurs. Alors que tout semble les séparer, de nombreux rebondissements ne feront que les rapprocher et les pousser à comprendre les motivations de l’autre.
La scénographie minimaliste et la salle des voûtes du Public conviennent parfaitement au cadre de la pièce. Deux chaises situées aux extrémités du plateau et du papier, beaucoup de papier : carnets intimes du dictateur, dossiers d’instruction ou encore articles de journaux. On note également un très beau travail sur la lumière. Suggérant la prison par l’ombre des barreaux, elle peut aussi se faire très crue après une longue période de pénombre et souligner la violence des mots.
Même si la pièce semble s’essouffler un peu après les trois premiers quarts d’heure, elle reprend rapidement un rythme soutenu qui porte le public jusqu’à la fin. L’hiver de la cigale est une invitation à la réflexion. Dans une situation critique telle qu’un régime de dictature, Pizzuti pose une question : qui de la justice ou de la loi du talion est la plus pertinente ?