De la bête et du style

Un homme seul face à des fantômes. Un héros grec et son chœur. Des monologues qui se croisent et se répondent sans s’entendre.
Bête de style est un kaléidoscope furieux fait de chronologie et d’anachronismes, de faits et de fragments de souvenirs, d’histoires et d’Histoire, de rouge et -forcément- de ténèbres.

Entre le sac et le ressac des mélopées populaires envoûtantes, le texte se déverse en longues rafales. On peut choisir de lui courir après, ce texte, ou de le laisser filer comme un long chant unique, comme un fleuve, le prendre en un bloc et s’imprégner du tout plutôt que des parties. Jan Palach n’est qu’une icône, une identité-symbole que Pasolini fait sienne pour dire sa colère, ses tourments, ses doutes face à la réalité.

Au final, ce qu’on retiendra de la pièce, ce sera peut-être plus la bête, l’animalité violente, que le style, tellement dense qu’il est difficile de rester pleinement accroché sur toute la longueur. Chapeau bas à Caroline Detez et Muriel Legrand pour leur incontournable présence sur scène. Bémol pour Renaud Tefnin et son jeu parfois surexalté qui parasite plus qu’il n’emphatise.

N’allez pas voir "Bête de style" pour vous détendre, vous sortiriez déçu.
N’allez pas non plus voir "Bête de style" si vous n’avez jamais entendu parler de Pasolini, de Jan Palach ou du Printemps de Prague, vous risqueriez de vous ennuyer ferme. Allez voir "Bête de Style" en toute connaissance de cause, et pour vous la prendre en pleine figure.

Cindya Izzarelli
www.capitaleminuscule.com




 

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