Informer sans mentir, une ambition exigeante.

Le directeur de la chaîne, qui s’apprête à passer la main, se montre impatient. Son mandat peut se terminer par un coup d’éclat. En effet, il vient de recevoir un curieux document qui accuse France 1, la chaîne concurrente, d’avoir relancé le conflit israëlo-palestinien, en diffusant un reportage bidouillé sur la mort du petit Mohamed. L’aubaine est alléchante. Cependant, pour ouvrir le vingt heures sur le scoop incendiaire, il faut contrôler la véracité de la dénonciation. Mission remplie avec conviction par Marc, le présentateur du journal télévisé et avec une honnêteté scrupuleuse par Margot, la directrice de l’information.

A travers le décryptage du film truqué, Michel Huisman nous fait apprécier leur compétence et leur conscience professionnelle. Pour illustrer la menace permanente de la manipulation par l’image, il revient sur quelques mensonges historiques comme les bébés koweitiens arrachés de leurs couveuses par des Irakiens sanguinaires, l’affolement planétaire provoqué par la grippe H1 N1 et le scandale des faux charniers de Timisoara. Ces images d’archives, qui interrompent l’action, transforment la pièce en dossier sur les difficultés techniques et morales du métier de journaliste. Et l’on ne s’étonne pas que le directeur, penché sur son dictaphone, enregistre des réflexions sur ce thème. Sans doute, pour alimenter des "Mémoires".

L’auteur est moins à l’aise quand il s’aventure sur le terrain psychologique. Les personnalités restent floues. Margot et Marc vivent une liaison torride, mais sont rivaux : chacun a de bonnes chances de succéder au patron. Bizarrement, celui-ci semble être le seul à s’intéresser à la compétition entre ses dauphins. Il tend des pièges à Marc et le manipule efficacement. Depuis la mort de son fils, ses rapports avec Margot, sa belle-fille, sont tendus. Une animosité susceptible de bloquer son ascension ?

Le talent des comédiens ne parvient pas à susciter notre intérêt pour ces personnages stéréotypés et les intrusions dans leur vie privée se mêlent artificiellement au problème des reportages falsifiés. "Intox" démarre laborieusement et adopte souvent un rythme trop lent, qui ne reflète pas la fièvre de cette journée cruciale pour la chaîne. En cause : la construction hybride et la rediffusion lassante de certaines images. Michel Huisman connaît bien ce sujet passionnant, mais n’a pas réussi à le canaliser dans un spectacle maîtrisé. Et prétendre qu’il a écrit une comédie "féroce, cynique, irrésistiblement drôle" relève de l’intox...

Jean Campion



 

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