Dans cette rencontre, le romancier répond à notre curiosité sur l’inspiration romanesque. Cette interrogation, l’auteur la suscite en exergue de son livre lorsqu’il se désolidarise du fait-divers qui lui a inspiré « Tu ne jugeras point ». Avec des personnages ancrés dans leur terroir, le romancier poursuit sa vocation première qu’il emprunte à Giono : un romancier doit raconter des histoires. C’est cela qui déclenchera le questionnement et nourrira le lecteur. « Moi, je suis un raconteur d’histoires. Tout simplement. Je ne songeais jamais arriver au roman. Ce qui m’intéresse, c’est de regarder la vie autour de moi. Ce qui me fascine, c’est le spectacle de la vie. »
On pense, en le lisant, à Simenon et à sa recherche de l’homme nu. Pour Job, les personnages sont essentiellement complexes et déchirés par le doute…Il se laisse conduire par eux, sans vouloir connaître à l’avance le dénouement auquel ils seront menés.
Job accompagne ses personnages. Et le lecteur est happé par ce questionnement auquel se livre en permanence l’auteur.
Un très beau roman, troublant, ironique aussi, avec un humour qui essaie malgré tout de nous consoler de la gravité des choses.
Edmond Morrel
Lorsque, ce jour-là, Denise Desantis entre dans un magasin pour s’acheter des mouchoirs, elle est pressée et, comme cela se fait dans cette banlieue paisible, elle laisse son dernier-né dans la poussette, devant la porte. Lorsqu’elle ressort, la poussette est toujours là, mais vide. La disparition d’une enfant de treize mois est toujours une affaire douloureuse et compliquée, et le juge Conrad entend suivre ce dossier avec le maximum de rigueur. Homme intègre et pondéré, il veut éviter les débordements fréquents dans ce type de faits divers qui enfièvre les imaginations et excite les médias. Les investigations du juge commencent par l’interrogatoire de Denise Desantis. C’est une femme ordinaire, effacée. Mère de quatre enfants, épouse d’un ouvrier sans grand caractère, elle vit pauvrement mais dignement dans sa petite maison de banlieue. Une femme sans histoires. Et pourtant… Derrière sa détresse, son désespoir évident, le juge est intrigué par la rigueur et la minutie de son témoignage. Quand il s’efforce de retracer la chronologie des événements qui se sont déroulés avant la disparition de l’enfant, elle a réponse à tout, quasiment minute par minute. Toutes les informations qu’elle donne sont vérifiables. Au fil des jours, alors que tout prouve son innocence, la conviction du juge se forge : cette femme a tué son enfant. Il finira par la contraindre aux aveux et elle sera condamnée. Et pourtant…
Professeur agrégé de lettres classiques en Belgique, Armel Job a enseigné pendant vingt ans avant de se mettre au roman avec Baigneuse nue sur un rocher. Prix Emmanuel-Roblès et prix René-Fallet pour La Femme manquée, il a recu le prix Rossel des jeunes 2002 ainsi que le grand prix littéraire France/Wallonie-Bruxelles 2002 pour Helena Vannek. Aux Éditions Robert Laffont, il a également publié Le Conseiller du Roi, Les Fausses Innocences, et Les Mystères de sainte Freya. Daniel Tonachella et André Chandelle ont adapté pour la télévision le roman d’Armel Job, Les fausses innocences (Laffont, 2005). Le téléfilm, dont Hélène de Fougerolles et Thierry Comart incarnent les rôles principaux, sera diffusé sur France 2 à la rentrée 2009.