La jeune fille et le poète

C’est dès l’adolescence qu’Alessandra Leo découvre ce poète italien du 19e siècle. Si le premier contact fut celui d’une obligation scolaire, bientôt le parcours et les écrits du poète viendront se poser en parallèle du cheminement de la jeune fille ; c’est ce qu’elle nous livrera sobrement sur la scène du théâtre littéraire.

Avec ses anecdotes personnelles en guise de transition entre les différents poèmes, la comédienne et porteuse du projet fera ainsi le grand écart entre sa propre vie et celle du grand homme, entre l’Italie du 19e et Laura Pausini ou encore Guns N’Roses. Des liens qui auraient pu toucher le spectateur ; comme l’aurait pu l’originalité de la démarche – ce que peut nous dire Leopardi, encore aujourd’hui, sur l’amour, l’espoir et la recherche du bonheur. Mais malgré toutes ces bonnes intentions, la sauce ne prend pas. Le spectacle apparaît comme brouillon, exécuté à la va-vite, principalement lors de ces anecdotes qui, bien loin de donner une fluidité, d’apporter la continuité entre les poèmes, deviennent pour le spectateur des longueurs inutiles, de même que les adresses au public qui laissent plus un sentiment d’infantilisation que d’invitation au partage.

Toutefois, l’intensité des poèmes en italien, ou encore la voix off d’Hervé Guerrisi qui récite en français certains d’entre eux, nous font entrer dans l’univers leopardien, même si ce n’est que par petites plongées successives, quand on aurait aimé être emporté du début à la fin dans un voyage aux côtés du poète.
Et un poète qui en vaut le détour !

Maniant la langue italienne avec brio, Leopardi laisse une grande place dans ses poèmes à la nature et à la philosophie. Choisissant un point de vue original qui estompe l’habituelle lecture pessimiste de l’auteur, Alessandra Leo mettra surtout l’accent sur sa quête du bonheur et du sens : un appel à la vie. Qu’on adopte l’une ou l’autre lecture, il est indéniable que, dans des poèmes comme « L’infini », Leopardi touche à des désirs et des quêtes intemporelles, nous émeut et nous parle du loin de son 19e siècle.

Une forme non aboutie en somme, qui aura eu comme mérite de faire (re)découvrir les poèmes de Leopardi dans leur langue originelle aux amoureux du genre.

Emmanuelle Lê Thanh



 

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