Apocalypse d’une autarcie solitaire

Durant trois jours de veillée funéraire, les quatre colocataires de feu Sally B, vont mener l’enquête à huis clos pour élucider comment et pourquoi ce banc solaire s’est transformé en cercueil. Toutes semblent avoir quelque chose à se reprocher vis-à-vis de la défunte : une récente dispute, une jalousie latente, une rancoeur immémoriale. Sally vivait en véritable autarcie avec sa sœur jumelle, sa mère et sa tante… L’arrivée d’une cinquième femme, Nicole, dont les raisons de la présence restent mystérieuses, est-elle liée aux événements tragiques qui surviennent dans ce vase clos ?

Cette intrigue policière loufoque, foncièrement drôle mais dont les éléments ne sont pas toujours amenés de manière très subtile, n’est heureusement qu’un prétexte pour attirer le spectateur vers d’autres niveaux de réalité, plus profonds et plus interpellants. Ainsi tout ce petit univers apparaît-il comme un mécanisme d’horlogerie en équilibre instable, dont la disparition d’une des composantes (Sally B.) déclenche la désintégration progressive du système complet. On en vient alors à se poser la question de l’existence propre de chaque personnage … N’est-il défini que par son appartenance au groupe ? Ne sont-ils tous que les composants d’une chose qui les contient et les dépasse ?

Alimentant cette ambiguïté sur la réalité de ce qui nous est présenté, la mise en scène regorge de trouvailles : un appartement qui semble s’auto-détruire, des jeux d’ombres d’une grande précision, un travail troublant sur les voix (on n’est pas toujours certain de savoir qui parle et à quel moment), etc. Ce dernier point justifie sans doute la matérialisation du quatrième mur en une vitre épaisse, choix audacieux dont la contrepartie est une certaine distance avec le public qui pourra dès lors éprouver des difficultés à se laisser prendre dans le spectacle. Heureusement, les quatre comédiennes sont excellentes et parviennent à happer les spectateurs par des répliques cinglantes, ou des trognes inimitables. Des intermèdes musicaux accompagnés de chorégraphies délirantes couronnent le tout et rythment judicieusement le spectacle.

Du théâtre déjanté et une créativité foisonnante à tous les niveaux… Saisissant !

Antonin Meden



 

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