Burlesque précarité

La pièce est à voir comme une suite chronologique de sketches autour d’un même thème.
Trois personnages viennent de quitter le monde et se réveillent dans les limbes qui les mènent à leur mort. Pour les accompagner, leur double clownesque se manifeste d’un chuintement affectueux.

Le premier est un fonctionnaire pour qui tout fut toujours structuré, prévu et organisé. Il ne parvient pas à concevoir qu’il ait pu mourir subitement sans prévenir son entourage, sans avoir pu le préparer. Le deuxième est une jeune femme "pleine de vie", pleine de projets. Elle voit en cette situation l’impossibilité de l’accomplissement de tous ses projets. Elle ne semble pas triste mais surtout déçue de n’avoir pas été plus loin de son vivant et aimerait profiter de cet "avant-mort" pour pouvoir achever un dernier projet. Le dernier est un musicien. Trop superstitieux, il n’a pas écrit son requiem. Il ne peut pas accepter ce passage inéluctable si celui-ci n’est pas composé. Chacun sera accompagné de son double clownesque jusqu’au passage ultime.

Le Théâtre Loyal du Trac (TLT) plonge à nouveau le public dans son univers particulier où, dans une joyeuse jonglerie, l’absurde se mêle au burlesque et à la tendre ironie. Au travers de cette pièce, la troupe nous balade du rire à la réflexion avec ces passages où chacun voit apparaître son reflet sous le regard d’un autre, trompe-l’oeil percutant.
Toutefois, si le TLT tire habilement parti du talent de chacun de ses comédiens aux origines diverses (Serge Bodart de la musique, Eric De Starcke du théâtre et Sandrine Hooge du cirque) afin d’emmener le public vers des dimensions nouvelles, peu communes à la scène théâtrale, il le perd aussi dans certaines scènes. Effectivement, il faut signaler qu’au milieu de cette foule de bonnes idées se glissent quelques déceptions.Il est dommage que la voix d’un comédien ne soit pas plus perceptible ou qu’un personnage soit sacrifié au profit d’un autre ou encore que le public soit confronté, sans la moindre précaution, à la fin inévitable de l’homme.

Eric De Staercke donne le ton dès le début de la pièce : ce sera une comédie teintée d’absurde et d’ironie. C’est ainsi qu’il mène de main de maître ses deux personnages. Auteur de la pièce, il nous donne l’impression de tirer les ficelles de l’histoire. Sa présence est superbe mais... écrasante. On aimerait que le rôle de Sandrine Hooge soit plus étoffé et qu’elle puisse manifester tout son talent. Elle, qui est parvenue à rendre ses deux personnages si attachants par son jeu plein de justesse. Quant à Serge Bodart, qui soutient toute la pièce par sa musique adaptée à chacune des situations, il reste trop discret au point que le public ne comprend guère ce qu’il dit.

La pièce est agréable, drôle et bouleversante à certains moments. Mais on ne peut pas s’empêcher de regretter le rythme endiablé et les gags succulents d’ "Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu ?". Dans cette pièce, nos trois compères emportaient constamment les spectateurs dans leur univers absurde et hilarant. Ils n’y parviennent ici que sporadiquement.

Maxime Membrive



 

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