Ironiquement tendre ou tendrement ironique ?

S’il gagne rapidement notre complicité, c’est qu’il exprime ses sentiments avec naturel, sans fioriture. A la flamande. Ses réflexions grinçantes sur la vanité d’une vie humaine et ses commentaires caustiques sur les "charmes" de sa ville natale ou des réjouissantes beuveries carnavalesques reflètent un certain désenchantement. Mais ce quinquagénaire, apparemment désabusé, s’enflamme pour revivre, avec ferveur, sa première idylle. Même intensité pour le rose que pour le noir.

A douze ans, Luckas découvre les joies de l’école mixte et tombe éperdument amoureux de Marina. C’est la femme de sa vie. Il en est sûr. Pour se rapprocher de la petite Italienne, il est prêt à tous les sacrifices. Il se tape des conférences scientifiques et douze pièces de théâtre expérimental. Il s’achète de "magnifiques mocassins italiens" (chez le père !) et subit un carnaval accablant de bêtise. Victime de sa timidité, des circonstances et de la poisse que lui porte "dikke Pol", il ne récolte que des déboires. Soutenu par son comparse, le guitariste dr. Kloot Per W., l’auteur-comédien détaille ces efforts attendrissants avec beaucoup d’humour.

Même si les interventions incantatoires d’Herman De Croo font décoller le spectacle dans la fantaisie, il est ancré dans une réalité bien palpable. On respire le parfum des années 60, en retrouvant la grisaille du matériel scolaire, la saveur du riz au lait Boss, la douceur du savon Lux et la platitude du tube "Marina", sur lequel se trémousse l’alerte "quinqua".

Bien sûr, il nous parle d’un temps que les moins de...cinquante ans ne peuvent pas connaître. Ceux-ci seront probablement peu sensibles à cette bouffée nostalgique. On regrette davantage l’essoufflement perceptible dans les dernières séquences et certains effets trop insistants. Ainsi la démonstration de l’électricité, générée par le coup de foudre, est laborieuse. Mais ces quelques faiblesses n’empêchent pas le public de s’emballer pour ce spectacle espiègle. Lucide et démystificateur, Luckas Vander Traelen réussit à rendre attachante cette période délicate de l’adolescence.

Jean Campion



 

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