Ils sèment les coups et récoltent nos rires

Triomphal succès sur les planches pour Pierre Palmade et Michèle Laroque, confirmé par la vente massive du DVD et les passages fréquents de la plupart des sketches, dans de nombreuses émissions télévisées (qui se nourrissent de rire en conserve) "Ils s’aiment" s’est hissée au rang de valeur sûre. Au même titre que "Le Père Noël est une ordure" ou "Le Dîner de cons". Quand on va revoir ces comédies, c’est pour retrouver des scènes-cultes ou écouter certaines répliques fixées dans nos mémoires. Quelques spectateurs vont même jusqu’à les murmurer. Néanmoins, on espère aussi être surpris par une "autre musique", des angles de vue nouveaux et des trouvailles de mise en scène.

Jean-Luc Duray se montre souvent moins violent et Muriel Audrey parfois moins coriace que les créateurs des rôles. Dans le sketch où Delphine étrenne son permis de conduire, François manifeste une patience improbable. L’extrême lenteur du démarrage, les fausses manoeuvres et l’irresponsabilité effarante de la néo-conductrice devraient le faire sortir plus tôt de ses gonds. Sa complaisance prive la scène d’une tension qui lui aurait donné plus de punch. En revanche, leur jeu retenu permet de bien souligner leur hypocrisie commune à l’égard des homosexuels. En présence d’André et de son copain, François s’efforce de masquer les gaffes de sa femme, mais dès que les "amis" ont disparu, le couple se défoule et les jugements malveillants pleuvent. Un des atouts de la pièce est qu’elle renvoie les hommes et les femmes dos à dos. Match nul ! Même pugnacité, même mauvaise foi et même humour perfide. La complicité entre les deux comédiens contribue à mettre en valeur cette égalité.

Certes, chaque scène de ménage est indépendante, mais leur succession reflète l’évolution du couple, puisque l’on passe d’une satire de la femme au volant à des infidélités cachées puis affichées, pour déboucher sur une rupture et une réconciliation stérile. En imaginant des enchaînements plus souples, plus nerveux, on aurait pu exploiter cette progression. Les musiques narquoises (Nationale 7, Alexandrie-Alexandra, Déshabillez-moi) prolongent le sketch précédent, au lieu de relancer l’action. Les deux fauteuils en skaï rouge, assortis au punching-ball qui couronne la scène, annoncent la couleur. Mais ils encombrent la scène où Delphine et François libèrent leur libido, en se mentant au téléphone.

Pierre Palmade et Muriel Robin ont transmis à leurs personnages le sens de la répartie et le goût du clin d’oeil. C’est pourquoi Jean-Luc Duray et Muriel Audrey n’ont pas hésité à pimenter le texte de certaines remarques surprenantes, de deux alexandrins et d’un best of pétillant. Ils interpellent aussi le public. Quand ils vous invitent à venir trinquer avec eux, au foyer, suivez-les. Vous y découvrirez le clou du spectacle.

Jean Campion



 

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