Sœur bien pour frère mal

De cette scène circulaire et mobile qui pousse inévitablement à voir dans tous les sens, sous tous les angles, émane une histoire incroyable. Pourtant, après quelques minutes, tout porte à considérer ce récit comme du réalisme social, comme une simple fable contemporaine assortie d’un humour facile, presque convenu.
Une simple fable contemporaine peut-être mais faisant vite apparaître les ingrédients qui la rendront finalement universelle. Universelle dans le sens où elle dépasse les conventions sociétales et les relations humaines pour les amener non pas dans le doute mais dans une position juste différente, dans une perception moins figée.
Ainsi sont reconditionnées entre autres les notions primaires du bien et du mal, du refuge dans la foi, des rapports intéressés entre hommes et femmes, de l’enfance ou encore du dédoublement de personnalité.

Artistiquement, Pommerat se trouve à la limite de transcender les genres. On ne parle évidemment pas des procédés déjà connus et souvent exploités de la mise en abîme du théâtre ou de la sur-présence sonore, même s’ils sont ici parfaitement maîtrisés. Transcender est sans doute un verbe un peu fort mais tout de même, l’auteur/metteur en scène parvient à renforcer son histoire à l’aide de l’architecture de la série télé. Pas tout à fait comme Philippe Djian l’a réalisé en littérature. De manière moins apparente mais en réussissant à rythmer plus intensément le récit avec des moments scéniques courts et un jeu blanc/noir aux apparences de montage cinématographique.

Inutile de vous raconter l’histoire. Simplement vous donner des éléments en vrac comme des pistaches pour votre imaginaire : Estelle s’intéresse à la naissance des étoiles et à sa répercussion dans l’univers. Elle est serviable, surtout gentille et tombe amoureuse du mal. Elle met en scène ses rêves qui ne sont que la réalité, avec des hommes qui se déguisent en animaux ; efficace métaphore sociale. Pour échapper à ses mauvaises pensées, elle joue aussi un frère qu’on ne protégera pas non plus. Même l’enfant qu’elle redevient un instant ne la sauvera pas. Il s’agit enfin d’une question de choix.
« Ma chambre froide » est peut-être une vision de l’enfer pour certains. Pas pour les autres. Si on y croit, un coup de génie. Au pire, un sommet pour les arts scéniques.

Samuel Bury



 

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