Elle raconte son histoire vécue dans la ferme des gens qu’elle ne considère que par les mots comme ses parents. Une ferme où les tâches quotidiennes s’amoncèlent comme ses rancœurs. On lui a enlevé son pays, sa vie et on la plonge dans un enfer aux contours apparents de bonne famille.
La comédienne emploie pour son récit un ton léger et doux. Quand se précisent les horreurs récurrentes, la rage sort de sa bouche comme une explosion soudaine. Les larmes ne viennent jamais et à la place, ce sont des lames qui pourraient trancher tout son hostile entourage.
A partir du moment où elle commence à compter les pas qui la séparent d’une table ou encore du frigo (parce selon elle « il vaut mieux compter pour ne pas se souvenir »), le jeu devient mécanique et la tension palpable. Et il ne faudra que peu de temps pour qu’elle passe à l’acte fatal qui rayera de ce monde père, mère et frère.
Un bon choix de scénographie et de décors pour cette pièce intimiste. L’évolution de la comédienne s’y déroule en va-et-vient au travers d’une sorte de cabane en bois symbolisant la ferme de sa jeunesse et sans doute aussi une boîte à secrets qu’on laisse fermée mais qu’on ouvre parfois pour laisser s’échapper les non-dits. On pourrait également se croire en Asie, dans le pays natal de la narratrice, dans une sorte de catharsis inconsciente.
On sort finalement de là avec une boule dans la gorge tant l’expérience (même si elle est fictive) est puissamment partagée et tant elle nous ramène à des sentiments primaires qu’on n’a pas forcément – et heureusement - toujours l’occasion de connaître.