Moyen-Âge, ta couleur est sang.

L’histoire de Jeanne et de Gilles on connaît. Une paysanne entend des voix lui dire d’aller jeter les Anglais hors de France et de faire couronner le Dauphin. Pour commander l’armée, elle est assistée de Gilles de Rais, un des plus grands nobles de France. Une fois sa mission achevée, elle est condamnée par l’Eglise et brûlée sur le bûcher. Dix ans plus tard, la même condamnation frappera Gilles.
Guy Cassiers et Tom Lanoye partent de l’histoire telle qu’elle nous est narrée par les historiens et nous la transmettent assez fidèlement. Mais il ne s’agit pas tant de nous raconter des faits connus que de nous montrer ces personnages subversifs pris dans des jeux de pouvoirs qui les dépassent, de montrer ces figures tragiques manipulées, utilisées et finalement trahies. Jeanne et Gilles, deux personnages radicalement différents qui pourtant partageront un même destin. Cette similarité est mise en scène à travers différents jeux de miroir entre le volet un, dédié à la passion lumineuse de Jeanne, et le volet deux, racontant la passion noire de Gilles. Le fait que ce soient les mêmes acteurs qui jouent dans chaque partie permet au spectateur de construire des parallèles entre ces deux figures et les deux procès qu’ils ont subis.
Des caméras filment le spectacle en direct et c’est tantôt les visages en gros plan, tantôt les conciliabules secrets tenus dans des coins obscurs qui sont projetés sur les plaques de métal, servant d’écran au fond de la scène. Si dans la première partie, ces projections (bien qu’elles nous permettent de bien voir les expressions des artistes) nous ont paru quelque peu superflues car trop illustratives, elles prennent davantage de sens dans la deuxième où elles sont utilisées avec imagination et originalité. Entre les écrans, les corps des acteurs sur scène et les sous-titres que le francophone est bien obligé de lire, le spectateur ne sait pas toujours très bien où donner des yeux et de la tête devant l’abondance d’images et de sons venant se disputer son attention. C’est donc peut-être un peu épuisé que l’on sort de ces deux heures et demi de spectacle, épuisé mais heureux, reconnaissant de ce beau moment de théâtre.

Karolina Svobodova




 

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