Quand Auschwitz nous parle aussi de nous

« Kaddish... » est un texte difficile. Un flot de paroles à peine interrompu par quelques points ; des phrases kilométriques semblant être la transcription directe d’une pensée qui s’emballe et que l’auteur lui-même avoue ne pas pouvoir contrôler. La question d’un collègue philosophe a ouvert la vanne. La banale demande « Avez-vous des enfants ? » s’est avérée être pour le narrateur une de ces phrases qui retournent et labourent la tête jusqu’à ce qu’on en ait tiré toutes les significations, toutes les implications. S’ensuit une nuit fiévreuse dont B. ne parvient à coucher les pensées sur papier que des années plus tard. Une écriture douloureuse : le stylo pour pelle, il creuse sa tombe.

Seul sur scène, Paul Camus comme médium pour cette logorrhée, tantôt contourne, tantôt enjambe la sculpture d’un arbre qui occupe le milieu de la scène. Un arbre sans racines et sans branches, comme un corps sans vie en témoignage de l’enfant, de la descendance qui ne sera pas.

La metteuse en scène promeut une vision du théâtre comme art de la survie ce que vient souligner la scénographie de Michel Boermans. Des rideaux rouges au fond de la scène pour rappeler que nous sommes dans un théâtre qui affirme sa fonction cathartique. Par les découpes dans le texte, c’est sur les thèmes de l’amour quand il ne suffit pas et de l’autorité castratrice qu’insiste Isabelle Pousseur. Ce faisant, elle transmet la manière dont elle même a reçu ce texte : un texte qui ne parle pas seulement d’Auschwitz mais également de nous-mêmes.

Svobodova Karolina.




 

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