Quand l’espérance se fait dévorer par le noir…

Cette position ambigüe est celle d’une commission fictive à laquelle s’adresse Angelina, infirmière ayant recueilli Elikia et Josefa. Avant d’atterrir, par un heureux hasard et après un périple douloureux, dans un hôpital, ces deux filles étaient enfants soldats à la merci de rebelles aux doux noms de Killer, Rambo, Small soldier ou encore Justice.

Passons les détails de cette sordide aventure. On les imagine aisément, ces familles exterminées par tous les moyens. Arrêtons-nous par contre sur le parcours d’Elikia, déserteuse du camp de rebelles qui l’avait pourtant fait sienne, entraînant dans sa course Josefa, petite fille de 10 ans à qui il restait encore un brin de naïveté. Sur le chemin qui les mènera à l’hôpital, elles redécouvriront une certaine confiance presque disparue et parleront à leur façon de souvenirs qui font du bien ou du mal.

Le tableau de la fuite de ces enfants est graphiquement dressé dans une mise en scène sobre et tamisée. Les deux comédiennes évoluent sur une scène habitée de jeux d’ombres aux traits organiques.
Le fait qu’elles parlent leur langue maternelle renforce le côté réaliste de l’histoire et nous place presque spontanément dans un espace lointain et inconnu. Ajoutons à cela une certaine tension dramatique et voilà une scénographie bien maîtrisée.

Par contre, ces moments fluides se voient régulièrement entrecoupés de séquences brutes et un brin moralisatrices. Ce sont les séquences pendant lesquelles Angelina, l’infirmière, témoigne des écrits d’Elikia devant cette commission fantôme qui prend concrètement l’apparence du public qu’elle a en face d’elle. On n’a donc pas d’autre choix que d’être interpellé, d’autant plus qu’elle s’exprime avec une certaine violence verbale. Mais bien entendu, le sort de ces enfants soldats entraîne inévitablement la réflexion : sont-ils victimes ou bourreaux, sont-ils voués à la prison ou ont-ils droit à l’éducation, sont-ils plus heureux morts ou méritent-ils de vivre avec tant de cauchemars ?

Certains penseront peut-être que pour un public de 14 ans, des termes ou images véhiculés dans le texte pourraient être trop durs : vagin déformé, bébés comparés à des sacs de riz, Kalachnikov comme instrument de raison, etc.
Rappelons simplement que le propos ne se veut pas gentillet, et puis « Le bruit des os qui craquent » ne fait pas forcément penser à « Plus belle la vie »...

Samuël Bury



 

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