Marcel Marlier ou la magie du réalisme
La renommée de Marcel Marlier a traversé autant les générations que les frontières. Le succès inouï qu’ont rencontré dans le monde entier (ou presque) les albums narrant les (més)aventures d’une petite fille prénommée Martine, n’a cessé depuis le premier album, "Martine à la ferme". Marlier partage la paternité de cette petite fille modèle avec Gilbert Delahaye qui en écrit les histoires.
Les œuvres exposées aux cimaises de l’exposition magistralement conçue par Valérie Constant (qui avec Jean-Louis Marlier est la commissaire de l’exposition) ont l’avantage de mettre en évidence la spécificité de la contribution de Marlier à cette aventure éditoriale qui a commencé en 1954. On a parlé à propos des albums illustrés par Marcel Marlier de « réalisme naïf ». A contempler les originaux, les esquisses, les gouaches, les encres, les aquarelles, isolés du texte, on se rend compte qu’il s’agit davantage de "magie du réalisme", la naïveté résidant, à nos yeux, dans les récits plus que dans l’illustration.
Avec la complicité du Centre Belge de la Bande dessinée, avec l’inventivité du scénographe Jean Serneels, la Commissaire de l’exposition Valérie Constant a réussi à concevoir une exploration à la fois originale et émouvante du parcours de l’artiste. A l’entrée de ce cheminement dans les Ecuries de Waterloo, le visiteur est invité à contempler un premier portrait, époustouflant de force et de densité, réalisé à 10 ans ( !) par Marlier. Cette huile sur carton représente avec un réalisme déconcertant de précision le visage de la grand-mère de l’enfant. On y voit déjà la capacité inouïe de l’artiste de jouer avec la lumière, les matières, l’expression , le regard. Tout est là serait-on tenté de s’exclamer. Et c’est l’émotion engendrée par ce portrait qui accompagnera notre découverte des différentes périodes de la réalisation des « Martine ».
Valérie Constant, qui est aussi attachée de presse aux Editions Casterman, et spécialiste de la bande dessinée et des romans graphiques, montre ici, avec intelligence et pertinence, une facette nouvelle d’un art qui est sien : partager le goût de découvrir, d’apprécier et de connaître. Une des citations qui jalonnent son site et qu’elle aime à mentionner sur ses cartes de visite n’est-elle pas, empruntée à Daniel Pennac, cette belle formule : « On ne force pas la curiosité , on l’éveille ».
Rendez-vous sans tarder aux Ecuries de Waterloo.
Edmond Morrel
Informations pratiques :
Maison du Tourisme – Tél. 02/352.09.10
Les Écuries, 308, chaussée de Bruxelles.
Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h –
Entrée gratuite