Et la tendresse, bordel ?

Préface (préambule) : on peut passer et aller droit ….au fait !

Il y a un théâtre pour se battre (cf. la programmation du Festival de Liège, du Théâtre National, du Poche et, souvent, de Manège.Mons, et du Varia), un autre pour se divertir ( les Galeries, le TTO), un théâtre pour rêver ou se gorger de langages puissants ou de mises en scène surprenantes ( Le Rideau, l’Océan Nord, Les Tanneurs, La Balsamine, le Théâtre de Namur, l’Ancre, à Charleroi, le Théâtre de la Place, à Liège, parfois Manège.Mons). Il y a aussi cette vaillante nouvelle génération, qui est en train de se rassembler autour de l’Atelier 210 (non subventionné) ou qui cherche à percer via la structure de L’L (sous-subventionnée) ou pour les plus pointus d’entre eux autour de la Bellone (sous-subventionnée). Sans compter ceux qui font du théâtre de bonne vulgarisation, de vaillants « généralistes », abonnés plutôt aux grands classiques, anciens ou contemporains, belges ou pas , ou à du divertissement intelligent et consensuel, du théâtre à l’ancienne, aux saveurs robustes (comme Le Public, L’Atelier Jean Vilar, ou le Méridien-ce dernier sous subventionné-). Voilà un panorama des théâtres, qui cache la forêt des créateurs qui (sur)vivent en compagnies. (J’y reviendrai un jour)

Trop long préambule… j’avoue, mais pas tellement éloigné de mon sujet : rendre hommage à un de ces nombreux « petits » créateurs méconnus ou trop peu connus, un petit artisan, un inconnu au régiment.

Au fait : faut y aller ! chez Jean-Luc.

Un aveu : j’aime les petits ovnis inattendus et inclassables : le théâtre Pépite est de ceux-là, avec un Jean-Luc Piraux, que j’ai découvert , il y a longtemps, (il y a 15 ans) dans un King, inspiré de Hamlet, théâtre pour enfants, délicieux, mis en scène par un autre grand Monsieur, Didier De Neck. Le même Piraux a fait partie de la bande à Charlie (Degotte) et de ses merveilleuses revues (dont l’arabique). Et puis je l’ai perdu de vue.

Et dans le tourbillon de la vie, je le retrouve, il y a un mois, clown immense dans le dernier sketch, le meilleur, des Contes bobos-urbains au théâtre de Poche.

D’où l’envie de le revoir dans un tout autre genre : la confidence humoristique : Faut-y-aller, créé il y a près de trois ans, à l’Eden (Charleroi), repris par le Festival de Spa cet été et qui aboutit, pour 5 malheureux jours dans la petite salle du Jean Vilar, à l’Hocaille, quasi pleine, heureusement, ce mercredi soir, le deuxième des 5 jours.

Faut y aller, c’est un souvenir d’enfance ou d’adolescence, magnifié par la distance, la rencontre avec Marie, une vieille dame très indépendante, solitaire, un modèle de vie libre, hors des contraintes de la société. Un maximum de liberté, un minimum de contrainte et le sens du partage… des pauvres. Ce n’est pas dit platement, ce n’est pas une attaque en règle contre les riches mais c’est la leçon qu’on en tire, en filigrane. Marie vit petitement mais fièrement, de la vente d’œufs, ce qui qui produit un sketch délicieux : comment "gober" cette matière un peu répugnante, le blanc comme le jaune. En même temps Marie dégage une sorte de fascination par un humour naturel, qui semble être à la base du talent clownesque, travaillé et bien rôdé, de J-L. Piraux. D’où l’hommage rendu à une de ses sources d’inspiration, à son modèle (inconscient ?) de vie. Cette série de sketches tendres, où l’acteur, habillé en vieille dame, joue trois rôles (la vieille Marie, lui adolescent et lui adulte) nous a convaincus qu’on pouvait faire un spectacle drôle sur la tendresse ou un spectacle tendre sur la drôlerie. Oui, on peut faire un théâtre jubilatoire avec de « bons sentiments », si le talent et la distance du clown font frémir le tout.

Christian Jade
Retrouvez toutes les critiques de Christian Jade sur le site culture de la RTBF !




 

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